Consentement #ChezDuceppe
Une pièce qui résonne au-delà des frontières

Jusqu’au 2 février 2019, le Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts présente Consentement, une pièce choc mettant en vedette Anne-Élisabeth Bossé, Patrice Robitaille, Marie Bernier, Véronique Côté, David Savard, Mani Soleymanlou et Cynthia Wu-Maheux.
La notion de consentement, un des sujets chaud de l’actualité en cette dernière année, ici et ailleurs. Nous aurons entendu ce mot plus que jamais dans le monde médiatique et culturel québécois, à la suite des actions de libération de la parole contre la violence sexuelle et sexiste qu’à engendrée « l’affaire Weinstein » à New York. Le mouvement est maintenant à l’échelle planétaire (ou presque), il était à peu près temps!
Tout juste avant la vague, en avril 2017, une dramaturge britannique reçoit un accueil triomphant à Londres avec sa pièce Consent (Consentement). Elle s’appelle Nina Raine et elle est l’une des plus estimées de sa génération.
Consentement, qui est sa toute dernière pièce, utilise le théâtre pour faire passer un message, échanger et faire réfléchir. En jetant un regard cru sur la distinction entre loi et justice, elle démontre toute la notion d’interprétation. C’est là le plus grand intérêt de la pièce, que le système même soit au coeur du sujet!
Nous devons la présentation de cette pièce au Québec, sur les planches de Duceppe, à Frédéric Blanchette, qui s’est vu littéralement happé à la lecture de celle-ci. Il faut dire qu’il était déjà adepte de l’autrice et avait mis en scène une autre de ses pièces, Tribus, qui avait elle aussi été un fort succès, tant ici qu’à Londres. Il a proposé aux co-directeurs du théâtre Jean-Duceppe d’adapter Consentement et en est devenu le metteur en scène.
Avec un texte parfois comique, parfois cinglant, Consentement fait surgir les contradictions du système judiciaire britannique, qui est aussi le nôtre! (Et oui, nous sommes toujours sous la monarchie de Mme la Reine d’Angleterre.) Présentés dans une tragi-comédie, les personnages exposent plusieurs sujets complexes, comme l’infidélité, le pardon, l’agression, le jugement, l’empathie, la justice... Le public se voit donc placé dans la position de juge et jury et se voit forcé de composer avec toutes les nuances!
Le consensus est que ces crimes sont difficiles à prouver « hors de tout doute raisonnable », puisque la victime est habituellement le seul témoin et la présomption d’innocence y est grande. D’ailleurs, dans la plupart des cas d’agression sexuelle, l’accusé ne sera pas condamné...
La pièce, qui est d’une pertinence absolue et qui arrive en plein momentum, est intelligente et les retournements y sont brillamment composés. Vous quitterez la salle certainement ébranlés et réfléchirez à l’irrationalité de la nature humaine.
Deux couples d’avocats se retrouvent lors de soirées bien arrosées. Avec humour et sarcasme, ils commentent les dossiers qui les occupent, dont une histoire de viol. Spectateurs amusés de la bêtise des passions humaines, ils se voient volontiers au-dessus de la mêlée, comme des êtres de raison, les gardiens du Droit. Et voilà qu’à la maison, leur propre vie commence à s’effriter. Tour à tour, ils connaissent trahison, détresse, accusations et incompréhension. Qui a raison ? Où se trouve la vérité ? Brusquement, tout devient beaucoup moins clair. Au cœur du mystère : la notion de consentement.
Au Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts
Présentée jusqu’au 2 février 2019
Durée: 1 h 55
Interprétation: Anne-Élisabeth Bossé, Patrice Robitaille, Marie Bernier, Véronique Côté, David Savard, Mani Soleymanlou, Cynthia Wu-Maheux
Texte original: Nina Raine
Traduction: Fanny Britt
Mise en scène: Frédéric Blanchette
#ChezDuceppe